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Un Nocret royal à la galerie




La galerie F. Baulme Fine Arts présente un tableau exceptionnel de Jean Nocret, portraiturant la future reine d'Espagne Marie-Louise d'Orléans (1662-1689), fille de Monsieur, frère du roi, et d'Henriette d'Angleterre. L'œuvre est incluse dans le catalogue raisonné de l'artiste établi par Élodie Vaysse, conservatrice du patrimoine au château de Versailles, et venant de paraître en juin 2024 aux éditions in Fine (P.27). Le magazine "Le Point" du 27 juin 2024 revient sur ce tableau inédit, et la riche actualité relative à Nocret, entre découverte d'œuvres, publication et restauration.


Peintre emblématique du Grand Siècle, Jean Nocret fut le portraitiste de la cour de Louis XIV. Après un séjour à Rome, où il fut proche de Nicolas Poussin, il retourna à Paris, où il fut vers 1649 peintre et valet de chambre du roi, et devint avec Pierre Mignard l’artiste attitré de Philippe d’Orléans, frère du roi. Si Nocret est aujourd’hui essentiellement connu pour ses portraits, à l’image de son chef-d’œuvre venant d’être restauré, La Famille royale dans l’Olympe (1670, Versailles, château), il fut en son temps un grand peintre d’histoire et décorateur. Dans les années 1660, il décora les appartements d’Henriette d’Angleterre, épouse de Monsieur et mère de Marie-Louise, au château de Saint-Cloud, puis les appartements de la reine au Palais des Tuileries (disparus). En parallèle, Nocret était membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture depuis 1663, où il donna des conférences sur Véronèse ou Raphaël. Il fut promu par la suite professeur puis recteur, témoignant de son importance dans le paysage artistique de son temps.


Notre peinture figure Marie-Louise d’Orléans, identifiable au petit épagneul papillon se trouvant à ses côtés, nommé Mimi, lui-même reconnaissable à ses pendants d'oreilles en corail ! La somptueuse couronne perlée, attribut des Enfants de France, rappelle son rang royal.

Les représentations d’Enfants de France sont extrêmement rares. Nocret fait étalage de tout son talent, jouant des effets entre le corps dénudé de la princesse, le drapé de velours sur lequel elle se tient, le portrait du chien et le paysage bucolique qui ouvre la composition sur la gauche. La remarquable étoffe bleue, disposé comme un écrin pour Marie-Louise, contraste avec la finesse du voile l’entourant et la couronnant, sublimant son visage en pleine lumière.

Marie-Louise soulève le voile d'un geste très noble, comme se dévoilant au spectateur, annonçant son avenir politique dû à son rang. Malgré son très jeune âge, elle incarne déjà la monarchie. Cette marque d'importance préfigure le malheureux destin d'une future reine, qui, élevée comme sa propre fille par Louis XIV, fut mariée à Charles II de Habsbourg, roi d’Espagne, dit « l'Ensorcelé », afin de lier une alliance pérenne avec cette nation voisine.


La facture de l’œuvre est caractéristique du style de Nocret, par l’idéalisation du visage, et les contours adoucis, au trait faisant vibrer le modèle, lui donnant vie. La douceur de la princesse est soulignée par les effets du glacis, lui apportant finesse et brillance. La touche du peintre s’oublie, fondue dans la couche picturale, ne laissant pas un trait de pinceau perceptible, afin de ne pas s’interposer entre le regard du courtisan et la princesse. La mise en scène de tous ses portraits est structurée grâce à la lumière, certains éléments comme le visage ou la couronne étant nettement éclairée, afin d’expliciter la lecture de l’œuvre au spectateur.




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